C’était en août 1944, en pleine débâcle des armées d’occupation qui cherchaient à remonter vers le nord après le débarquement des armées alliées en Provence.
Evitant les grands axes du sillon rhodanien, les troupes allemandes empruntent les routes moins surveillées du Gard et de l’Ardèche… Mais la résistance veille.
Le 25 août, au pont d’Auzon, les résistants du camp Bayeux (créé à Panissières) et ceux du camp Beaumont (de Sénéchas) sont chargés de surveiller le pont d’Auzon.
Mitrailleuses, F. M. (Fusils Mitrailleurs) mortier, sont mis en place sur le piton qui domine le croisement.
Lours, Fef, Jacques, Le Tigre, Gazogène (ce sont des noms de guerre !) et quelques autres tiennent le poste, mais sont pris à partie par un détachement allemand. Ils se défendent avec acharnement.
De Salindres, des renforts sont envoyés d’urgence. Un Berliet gazogène fonce avec vingt-sept résistants à bord. Pierre Barberan (Pierrot) est sur le marche pied et encourage le chauffeur à aller plus vite. Arrivés à proximité du lieu de combat, ils prennent position dans l’enclos de la ferme Coulet. Repérés, ils essuient des tirs de l’ennemi, mais le mortier est mis en batterie et les tirs font mouche. Et Pierrot de s’exclamer « Bravo les gars, vous les avez eu ! » tandis qu’il continue lui aussi de tirer. Mais les munitions du mortier s’épuisent. Il faut se replier. C’est à ce moment là que Pierrot est atteint par une balle explosive au ventre. Avant d’expirer, il trouvera la force de dire « Que vont devenir mes enfants ? »
Oui, car Pierre Barberan était mineur, père de famille et habitait Saint Jean à la cité de la Gare avant de s’engager dans la résistance.
A trente ans, il a donné sa vie pour son pays, pour la liberté.
Passants, quand vous traverserez la rue rue principale du village qui porte son nom, souvenez-vous !
(Jean-Marc Garnier – Correspondant de Saint Jean de Valériscle – Article paru dans Midi Libre le 27/08/2014)