Et il restait planté là, au beau milieu de la route d’accès à la gare depuis plusieurs décennies. En fait, ce n’était pas une erreur d’implantation, mais la situation avait été créée lors de l’élargissement de la chaussée. Implanté en bordure du chemin, ce poteau électrique s’était retrouvé au milieu du passage quand le chemin, de plus en plus fréquenté par des véhicules, avait été élargi pour devenir une petite route.
Et il était planté là depuis. Un peu de peinture rouge et blanche, maintenant bien défraîchie, avait fait en sorte qu’aucun accident ni incident n’était venu perturber sa petite vie tranquille. Il jouait les matadors, un coup à gauche, un coup à droite, sans jamais se faire accrocher. Alors, tout le monde en avait pris l’habitude.
Ce géant en béton a été abattu. Il n’a pas résisté à la masse et au chalumeau. Fier d’être remplacé par un poteau plus écologique en bois, il gît maintenant dans un dépôt quelconque, satisfait de son devoir accompli. Durant toute son existence, il avait apporté lumière et confort dans les foyers des mineurs de la cité de la Gare.
(Jean-Marc Garnier – Correspondant de Saint Jean de Valériscle – Article paru dans Midi Libre le 09/07/2012)