Le mûrier, l’arbre d’or a fait la richesse des Cévennes bien avant le charbon.
Sous le règne d’Henri IV, la France est une grande consommatrice de soie. Olivier de Serres, conseiller du roi, a encouragé la culture du mûrier. Une pépinière de muriers avait même été créée à Meilhen (alors commune de Saint Jean).
Au fil du temps, les mas cévenols se sont rehaussés de magnaneries ( pièces où on éduquait les vers à soie). Les bourgs ont vu la construction de très nombreuses filatures. Les bas de soie cévenols vont habiller tous les mollets des cours d’Europe.
Au début du XIXe siècle, L’Education des vers à soie est à son apogée. Mais dans la deuxième moitié de ce siècle, des maladies déciment les élevages. La découverte de Pasteur pour sélectionner les « graines » (oeufs) n’arrêtera pas le déclin des « magnaneries ». Une importante partie de la population, privée de travail, quittera le pays.
Le déclin de la sériciculture a entraîné la dégénérescence du mûrier. Si autrefois le mûrier était omniprésent sur les « faïsses » et les « bancels » cévenols , il a maintenant quasiment disparu. On voit quelquefois au bord des chemins quelques troncs tourmentés qui agonisent lentement.
L’association du Conservatoire de Mercoire, commune de Peyremale, a permis au Conservatoire botanique national de Porquerolles d’implanter le double d’une collection de mûriers. Le verger compte 61 variétés différentes.
Ce conservatoire a récemment offert quatre plants de mûriers à notre commune. Ils ont été plantés sur la bute qui domine la grand’place du village. Bien exposés au soleil, et régulièrement entretenus par les employés municipaux, ils devraient d’ici quelques années rappeler que Saint Jean des Cèbes fut aussi un lieu important pour l’éducation du ver à soie.
(Jean-Marc Garnier – Correspondant de Saint Jean de Valériscle – Article paru dans Midi Libre le 07/12/2013)