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de Saint Jean de Valériscle

11 NOVEMBRE : LETTRE D’UN POILU SOUS LA MITRAILLE

Nov 19, 2012 | Actualités

« C’est en chantant que nous prenons la direction de Verdun. Vers minuit, nous montons en première ligne. Au petit matin, le chef de section nous dit : « Préparez vos abattis, on attaque à 11 h 40 ». L’heure approche, on boit un bon coup de gnole, quelques uns chantent. Les grenadiers sautent le parapet et s’éloignent en rampant. On allume une cigarette, et nous voilà partis droit sur la ligne ennemie. Leur première ligne est complètement retournée, il y a de nombreux cadavres. Dans le Ravin des Dames, les Allemands sont cueillis comme des lapins. Nous faisons 600 prisonniers. Quelques récalcitrants sont passés à la baïonnette. Notre objectif est atteint. Toute la nuit, nous creusons notre tranchée.
Le lendemain, il pleut à verse . Au petit jour, nous avons de l’eau à mi mollet et sommes à moitié morts de froid. Les Allemands nous bombardent d’une façon épouvantable. Un coup de 75 vient éclater au dessus de nos têtes. Je ne suis pas blessé, mon camarade est raide mort : un éclat lui a traversé le coeur. Un autre 75 s’abat dans la tranchée, tuant quatre poilus. La position devient intenable, mais l’ordre est de tenir coûte que coûte. Un 88 autrichien se remet à bombarder. Plaquons nous, dis-je à mes copains. Je ne terminais pas ces mots, qu’il en tombe un dans la tranchée. Rapidement je me dégage, car mes trois camarades étaient sur moi. Triste vision, ils sont tous trois déchiquetés, presque en bouillie. Je suis blessé. Tout en sang, je rampe dans la tranchée. Je trouve d’autres copains qui me coupent veste et pantalon pour me faire des pansements. On me plie dans une couverture et on me porte au poste de secours »… le 24 octobre 1916.
Ainsi allaient la vie et la mort de toute une jeunesse sacrifiée. En ce 11 novembre, souvenons-nous.

(Jean-Marc Garnier – Correspondant de Saint Jean de Valériscle – Article paru dans Midi Libre le 11/11/2012)