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de Saint Jean de Valériscle

GRAND-MERE M’A RACONTE : LE TRAVAIL A LA TOILE

Fév 28, 2012 | Actualités

Comme la plupart des filles de l’entre deux guerre, Renée a passé sa jeunesse « à la toile ». L’activité minière, qui avait remplacé la sériciculture avait besoin de beaucoup de main d’œuvre. Pour trier le charbon, les filles, à partir de quatorze ans étaient placées de chaque côté d’une bande de transport, « la toile », sur laquelle circulaient tous les éléments sortis de la mine. L’œil aguerri, et la main leste, chacune était chargée de retirer les pierres et de laisser passer le charbon. A la sortie du criblage (tri des différentes grosseurs) il y avait trois bandes roulantes. La première bande était pour le menu fretin. La deuxième recevait les éléments un peu plus gros. Et enfin, la grande bande voyait passer les grosses mottes de charbon, mais aussi les grosses pierres. Sur cette bande, c’était les hommes qui triaient, car il fallait être costaud pour retirer les lourdes pierres. A la chaleur en été, au froid et au courant d’air en hiver, les quatre vingt employés prenaient le poste à 7 h le matin. Il y avait une «pause déjeuner » vers 11 h et le travail s’achevait à 16 h.
Un surveillant (Eugène) notait les paniers de pierres retirés par chacune, la paye dépendait du résultat. Le surveillant avait de temps en temps un besoin impérieux de quitter son poste. C’est à ce moment là que les plus hardies en profitaient pour ajouter quelques barres supplémentaires sur le carnet de compte des paniers. Quelques fois, un doute jaillissait dans le regard du surveillant, qui faisait la remarque à haute voix, mais le brave homme fermait les yeux sur cette petite tricherie de filles vaillantes et travailleuses. A cette époque, les salaires étaient de 15 francs pour la quinzaine !

(Jean-Marc Garnier – Correspondant de Saint Jean de Valériscle – Article paru dans Midi Libre le 22/02/2012)